L’UE entre prudence et fermeté envers la Russie
Les relations entre Moscou et Bruxelles s’enveniment, en pleine affaire d’empoisonnement de l’ex-espion russe Serguei Sripal, 66 ans, et sa fille Ioulia, 33 ans, à Salisbury dans le sud de l’Angleterre. L’implication « hautement probable » de la Russie, selon Londres, serait du « grand n’importe quoi » à entendre Vladimir Poutine dimanche 18 mars au soir, tout juste réélu.
Incontournable interlocuteur
Les dirigeants français et allemands n’ont pas pu échapper à l’exercice diplomatique des félicitations. Emmanuel Macron a téléphoné lundi 19 mars au président russe pour lui adresser « ses vœux de succès pour la modernisation politique, démocratique, économique et sociale du pays ». La chancelière allemande Angela Merkel s’apprêtait aussi à le faire par télégramme, tout en soulignant les sujets qui fâchent, a précisé lundi le porte-parole de la chancellerie, Steffen Seibert.
Ils ont laissé à leurs ministres des affaires étrangères, réunis à Bruxelles avec leurs homologues, les réactions les plus vives. Le chef de la diplomatie française Jean-Yves le Drian a choisi d’être pugnace à son arrivée dans la capitale européenne. « Nous partageons l’analyse faite par les Britanniques, selon laquelle il n’y a pas d’explication plausible autre que celle de la responsabilité de la Russie », a-t-il déclaré.
Son équivalent allemand Heiko Maas a quant à lui jugé « inacceptable le fait que ces élections ont également eu lieu en Crimée, qui a été annexée en violation du droit international ». Selon lui, la Russie de Vladimir Poutine « va rester un partenaire difficile », tout en ajoutant : « On a aussi besoin de la Russie pour trouver des solutions aux grands problèmes internationaux ». C’est notamment le cas en Syrie, où Moscou apporte un soutien actif au régime au pouvoir à Damas.
Pas de consensus sur des sanctions
Lundi 19 mars, les diplomaties des 28 pays membres se sont globalement mises d’accord sur une déclaration pour condamner « l’utilisation d’armes chimiques par quiconque, quelles que soient les circonstances ». Ensemble, ils condamnent une « menace pour notre sécurité à tous». Mais il n’existe pas de consensus pour renforcer les sanctions en vigueur. La Grèce, l’Italie et Chypre bloquent ainsi tout durcissement des mesures économiques décidées pour punir l’annexion de la Crimée.
Cette affaire d’empoisonnement est une grande déconvenue pour Paris et Berlin, qui attendaient que l’élection présidentielle russe soit passée pour relancer le processus de paix en Ukraine. Les accords de Minsk sont dans l’impasse depuis des mois. Signés le 12 février 2015 sous l’égide de la France et de l’Allemagne, ils n’ont jamais permis de mettre fin au conflit, la Russie et les séparatistes pro-russes d’une part, et l'Ukraine de l'autre s'accusant mutuellement d'exacerber les tensions.
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