2017-Droits de l’Homme dans le monde: "défaillances des Etats" et "sursauts citoyens" (AI)
L’année 2017 a été marquée par des "défaillances des Etats" et des "sursauts citoyens" dans le monde, selon le dernier rapport annuel d’Amnesty International (AI) sur la situation des droits de l’Homme dans 159 pays, publié jeudi.
L’année dernière a connu "de terribles crises et l'intensification des discours de haine par des dirigeants qui voulaient attiser les peurs et diviser, et face à ces graves dérives, des centaines de milliers de personnes se sont mobilisées, partout dans le monde", selon l’ONG.
Le rapport évoque une "contagion des discours de haine et la multiplication des slogans xénophobes", à leur tête, la décision prise en janvier par le gouvernement des Etats-Unis d’interdire l’entrée sur le territoire aux citoyens de plusieurs pays à majorité musulmane, estimant que c’était une "action à caractère haineux évident".
Cette décision, selon l’ONG "a donné le ton pour une année durant laquelle des dirigeants ont mené une politique de la haine aux conséquences extrêmement dangereuses".
"La manière dont les autorités se permettent, partout dans le monde, de dénigrer les réfugiés et les migrants, fait partie de cette même logique", précise le rapport, qui souligne que "la politique xénophobe des Etats-Unis est loin d’être un cas isolé".
Selon AI, "des dirigeants du monde entier" ont adopté des discours et des politiques "extrêmement hostiles" aux droits humains.
Parmi les autres exemples cités, "la campagne de nettoyage ethnique" menée contre les Rohingyas au Myanmar, qui a entraîné l’exode de quelque 655.000 personnes vers le Bangladesh et provoqué la crise des réfugiés "la plus fulgurante" de 2017.
Les dirigeants des pays les plus riches continuent de considérer les réfugiés "non pas comme des êtres humains détenteurs de droits, mais comme des problèmes à éluder", regrette AI.
L’ONG estime, à cet égard, que les Etats sont censés être les premiers à garantir les droits humains, mais ils sont "de plus en plus nombreux à les attaquer ouvertement et à cibler ceux qui les défendent".
Citant plusieurs autres cas dans de nombreux pays, l’ONG relève un "cruel manque de volonté des Etats et de la communauté internationale de jouer leur rôle en matière de protection des droits humains".
La catastrophe humanitaire en cours au Yémen, les attaques militaires internationales en Irak et en Syrie sont des exemples qui attestent, selon Amnesty, que "les parties aux multiples conflits ne cherchent même plus, dans certains cas, à maintenir ne serait-ce qu’un semblant de respect des obligations qui sont les leurs, en matière de protection des civils".
Le rapport note à ce propos, "une dramatique régression des droits humains dans le monde entier" au moment ou "de nombreux Etats n’assument pas suffisamment leurs responsabilités en termes de respect des droits économiques, sociaux et culturels", ce qui entretient, selon AI "les inégalités et l’instabilité" et "alimente le désespoir et les risques de violences".
Cependant, cette situation de manquement du respect des droits de l’Homme par des Etats, a provoqué un "sursaut" parmi les populations, selon le rapport.
"Les populations et les défenseurs des droits partout dans le monde, se sont élevés pour dénoncer les agissements de leurs gouvernements et exiger le respect de leurs droits", relève le rapport, estimant que "de nombreuses victoires" ont été remportées par des militants des droits humains.
Il indique, toutefois, que "des centaines de militants ont été tués en 2017 parce que les autorités ont voulu les réduire au silence et museler les médias".
AI appelle l'humanité entière à refuser les "discours de diabolisation" et construire à la place une "culture de solidarité".
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