La Commission européenne doit justifier sa proposition de réduire son aide aux réfugiés sahraouis
L’eurodéputé Neoklis Sylikiotis a exigé de la Commission européenne de justifier sa proposition d’opérer des coupes dans l’aide humanitaire aux réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf en contradiction avec les appels de l'ONU à accroître les aides au peuple du Sahara occidental occupé.
Le député du parlement européen a affirmé qu’une telle décision de l'Union européenne "aggravera la situation déjà désastreuse" dans ces camps de réfugiés en raison notamment des "inondations" qui ont frappé la région.
"Comment la Commission justifie sa proposition d'opérer des coupes dans l' aide qu'elle offre aux camps de réfugiés sahraouis, ignorant ainsi l'appel lancé par l'ONU à la communauté internationale?", s’est-il interrogé dans une question écrite.
Le parlementaire européen a exigé de la Commission des explications sur les motifs ayant motivé sa proposition de réduire son aide calculée désormais pour répondre aux besoins de seulement 90.000 personnes, alors que l’ONU soutient que pas moins de 125.000 personnes dans les camps de réfugiés de Tindouf dépendent totalement de l’aide internationale.
Il a rappelé, à ce titre, que dans son rapport 2015 et lors de sa dernière visite aux camps des réfugiés sahraouis, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, attristé par une tragédie humanitaire au Sahara occidental occupé qui dure depuis quatre décennies, avait adressé un message aux donateurs internationaux, pour accroître leurs aides à ce peuple oublié.
L'aide humanitaire offerte par l’Union européenne (UE) ne peut pas couvrir tous les besoins des réfugiés sahraouis, a répondu le Commissaire chargé de l’aide humanitaire Christos Stylianides qui a estimé que "compte tenu du type d'interventions nécessaires dans les camps, les autres donateurs devraient intensifier" leur aide en apportant une réponse adéquate aux besoins de ces réfugiés.
Il a rappelé, dans ce contexte, que de nombreux travaux financés par l’UE ont été achevés en 2015 dans les camps pour que les réfugiés sahraouis aient leurs besoins de base satisfaits et vivent ainsi dans des conditions décentes.
En 2016, a-t-il poursuivi, grâce à un financement humanitaire de l’UE, les réfugiés sahraouis auront toujours un libre accès aux médicaments essentiels, les personnes handicapés bénéficieront de soins adéquats et auront toujours accès à 18 litres d'eau par jour, alors que la norme n’est que de 15 litres par jour.
Partant du constat que l’aide alimentaire est l’un des domaines les plus cruciaux, le Commissaire européen a assuré que les réfugiés doivent recevoir jusqu'à 2 100 Kilocalories (Kcal) par jour et par personne, le niveau minimum d’absorption calorifique recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), et auront également accès aux aliments frais et aux aliments sans gluten pour les personnes suivant un régime.
"(à) dans le grand voisinage et les pays du Sahel, des millions de personnes n’ont toujours pas accès aux normes humanitaires minimales", a-t-il fait remarquer dans sa réponse.
Des eurodéputés ont interpellé début février la Commission européenne sur la situation humanitaire des réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf, exhortant l'exécutif de l'Union à augmenter de "toute urgence" son aide pour répondre aux besoins fondamentaux de ces réfugiés et faire face à la crise des inondations qui ont frappé ces camps en octobre 2015.
"L'UE devrait être à l'avant-garde en ce qui concerne la réponse à apporter à cette situation d'urgence, en mobilisant des fonds issus du budget de l'UE et de celui de ses Etats membres compte tenu de sa responsabilité historique et actuelle dans le voisinage européen", ont-ils plaidé dans leur appel adressé à la Commission européenne.
Les fortes pluies et les inondations d'octobre 2015 ont causé des dommages à grande échelle dans les camps accueillant les réfugiés sahraouis dans la région aride de Tindouf au sud-ouest de l'Algérie, ont rappelé ces eurodéputés, précisant que les dernières inondations ont dévasté les camps de Dakhla et détruit quelques 18.000 autres habitations.
Des centaines d'autres maisons en briques de terre ont été détruites ou endommagées lors de ces inondations, selon le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), très présent dans la région, qui dénombre parmi les infrastructures endommagées ou détruites, des dispensaires, des hôpitaux, des écoles, des magasins et des hangars d'élevage.
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